Le couple d'à côté - Shari Lapena

Dans ce récit un questionnement glaçant traverse chaque page : jusqu’où un mari, un voisin, un parent pourrait-il aller lorsqu’une somme d’argent entre en jeu ? L’autrice installe une tension sourde autour de cette interrogation, révélant combien la confiance — si longue à bâtir, si fragile à maintenir — peut s’effondrer en un instant, comme un château de cartes balayé par une bourrasque.

Ce qui commence comme un simple dîner entre voisins se transforme rapidement en drame domestique. Les apparences, soigneusement entretenues dans ce microcosme de banlieue tranquille, se fissurent. Le roman met en scène un voisinage où chacun semble jouer son rôle à la perfection, alors même qu’aucun personnage n’est réellement transparent. Il soulève une question déroutante : connaît-on véritablement ceux avec qui l’on partage une clôture… et plus encore, l’homme avec lequel on partage son lit ?

L’autrice explore également la porosité entre les catégories sociales. Des couples dissemblables, issus de milieux différents, cohabitent et naviguent tant bien que mal entre ambitions, frustrations et secrets. Cette disparité devient un moteur narratif : elle alimente les tensions, nourrit les non-dits et expose le lecteur à des dynamiques familiales instables où la vulnérabilité devient une cible.

Le roman pousse l’horreur intime à son paroxysme lorsqu’émerge l’hypothèse terrifiante qu’une famille puisse orchestrer l’enlèvement de son propre enfant, simple chair de sa chair, dans un schéma d’avidité froide et calculée. Cette possibilité, que l’on voudrait impossible, donne à l’intrigue une densité émotionnelle qui tient le lecteur en état d’alerte permanente.

C’est précisément cette montée progressive de la tension, ce crescendo psychologique mené avec précision, qui rend Le couple d’à côté si captivant. L’ouvrage se lit comme une plongée en apnée dans les failles du quotidien, et maintient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Une œuvre efficace, parfaitement calibrée, qui interroge les zones d’ombre des relations humaines et la manière dont la normalité peut basculer en une seconde.