La chirurgienne - Leslie Wolfe

Lorsque j’ai commencé La Chirurgienne, je m’attendais à un thriller médical intense, du genre de ceux qui plongent le lecteur au cœur de la salle d’opération, où chaque battement de cœur compte et où le suspense se mêle à la tension psychologique. L’idée de départ — la mort mystérieuse d’un patient sur la table d’opération — avait tout pour captiver : un cadre original, un drame humain, et une héroïne confrontée à une situation aussi tragique qu’incompréhensible.

Mais, très vite, j’ai eu le sentiment que le roman prenait une direction différente de celle annoncée. Si le point de départ est bien cette mort suspecte, le récit se détourne rapidement du pur registre du thriller médical pour se concentrer sur la vie personnelle de la protagoniste, ses relations compliquées et les blessures du passé. Au lieu d’une enquête haletante autour d’une faute médicale ou d’un complot hospitalier, on se retrouve face à une histoire de triangle amoureux, de jalousie et de vengeance, qui finit par dominer la trame principale.

Ce choix narratif n’est pas en soi un défaut — il montre une volonté de donner de la profondeur émotionnelle à l’héroïne — mais j’ai trouvé que cela faisait perdre l’intensité et la tension promises par le résumé. Le cœur du roman s’éloigne de la salle d’opération pour se concentrer davantage sur les tourments intérieurs du personnage, au risque de diluer l’aspect “thriller” dans un récit plus sentimental.

Le rythme du roman m’a également semblé inégal : certaines scènes s’étirent, d’autres paraissent expédiées, et j’ai parfois eu du mal à rester pleinement investie dans l’intrigue. Pourtant, Leslie Wolfe écrit bien : son style est fluide, accessible, et certains passages laissent entrevoir une vraie sensibilité. On sent le potentiel, mais il m’a manqué cette tension constante que l’on attend d’un bon thriller, cette sensation d’urgence et de danger qui pousse à tourner les pages sans s’arrêter.

Le plot twist final, bien qu’inattendu, n’a pas eu sur moi l’effet de surprise escompté. Certes, il relance brièvement l’intérêt et donne une autre lecture des événements, mais j’ai trouvé qu’il arrivait un peu tard et sans réel impact émotionnel. Il m’a manqué ce frisson, cette révélation qui bouleverse tout ce qu’on croyait savoir.

En refermant le livre, je garde donc une impression mitigée : ce n’est pas une mauvaise lecture, loin de là, mais ce n’est pas non plus le thriller psychologique intense qu’on nous promettait. C’est une histoire plus légère, davantage centrée sur les émotions et les relations humaines que sur le suspense ou la tension dramatique.

Peut-être que les lecteurs cherchant une lecture accessible, mêlant drame personnel et intrigue douce-amère, y trouveront leur compte. Mais pour ma part, je m’attendais à quelque chose de plus fouillé, plus ancré dans l’univers médical et plus oppressant. La Chirurgienne se lit facilement, mais laisse une impression de manque : celui d’un roman qui aurait pu aller plus loin, plus fort, plus profondément.