Ashes falling for the sky - Nine Gorman & Mathieu Guibe

Les cendres et le ciel…

Ash and Sky — déjà, le titre résonne comme une métaphore délicate : celle des contraires qui s’attirent, de l’ombre qu’on éclaire, du feu éteint qui cherche à renaître sous un ciel plus clair.
C’est une histoire d’amour, mais aussi une histoire de reconstruction. Deux êtres que tout semble opposer — la gravité et la légèreté, la cendre et l’air, la douleur et l’espérance — se rencontrent, s’attirent, se heurtent. Une romance qui paraît perdue d’avance, et pourtant… quelque chose de profond nous retient, comme un fil invisible entre les personnages et le lecteur.

L’amour ici n’est pas seulement un refuge, il est un champ de bataille. Le bien et le mal, l’ombre et la lumière s’y affrontent, se répondent, se confondent parfois. Et l’on se surprend à se demander : qu’est-ce qui triomphe réellement ? La lumière qui éclaire, ou l’ombre qui révèle ?

Le roman joue avec nos émotions à travers une alternance de points de vue : celui d’Ash, sombre, tourmenté, empreint de silences et de blessures ; et celui de Sky, plus lumineux, plus instinctif, mais tout aussi vulnérable. Ce double regard, presque omniscient, nous permet de plonger dans la complexité de leurs âmes, d’entrevoir leurs peurs, leurs désirs, leurs contradictions. On ne lit pas seulement leurs mots : on ressent leurs non-dits.

Mais tout n’est pas encore révélé. Certains mystères persistent, suspendus entre deux silences : pourquoi les mails d’Ash restent-ils sans réponse ? Que cache ce passé dont il ne parle jamais ? Ses tatouages, par exemple, ne sont pas de simples ornements : ils semblent raconter une histoire, celle de ses blessures, de ses combats intérieurs. Comme une carte dessinée sur sa peau, ils tracent le chemin de sa rédemption — ou peut-être celui de sa perte.

Cette relation, complexe et passionnée, nous interroge : jusqu’où peut-on aller par amour ? Jusqu’à quelle part de soi peut-on se brûler sans se consumer tout entier ?

La lecture captive, lentement, intensément. Si le rythme paraît parfois étiré, c’est peut-être parce que la tension émotionnelle exige cette lenteur : chaque mot, chaque silence, chaque regard compte. On attend un dénouement — attendu, espéré — mais il se dérobe, comme pour mieux prolonger le frisson.

Et lorsque la dernière page se tourne, on ne referme pas vraiment le livre : on reste suspendu, entre cendre et ciel, dans cette zone où tout peut encore basculer.

Vivement le tome 2 — pour que la lumière, peut-être, achève de percer l’ombre.