La psy - Freida McFadden

Un thriller à double voix où passé et présent se mêlent habilement.

À la recherche d’un lieu où poser leurs valises et construire une famille, Tricia et Ethan pensent avoir trouvé la maison idéale. L’endroit semble parfait, un véritable havre de paix… du moins en apparence. Déterminés à ne pas laisser filer cette opportunité, ils bravent une tempête pour visiter la demeure. Mais à mesure que la pluie s’intensifie et que la nuit tombe, le charme initial laisse place à une atmosphère lourde et inquiétante. Le couple se voit contraint d’y passer la nuit, sans imaginer que cette décision marquera le début d’une expérience aussi glaçante qu’inoubliable.

Dans ce nouveau roman, Freida joue une fois encore avec les nerfs du lecteur. Elle alterne les points de vue et les temporalités avec une grande maîtrise : d’un côté, l’histoire contemporaine de Tricia et Ethan, et de l’autre, les enregistrements d’Adrienne, l’ancienne propriétaire des lieux. Cette psychiatre, aujourd’hui décédée, recevait autrefois ses patients chez elle. Ses enregistrements audio, disséminés tout au long du récit, deviennent la clé de compréhension de ce qui s’est réellement passé entre ces murs.

Au fil des pages, le lecteur découvre non seulement les secrets de cette maison, mais aussi ceux de la psychiatre elle-même. Derrière la façade d’une professionnelle respectée se cache une femme complexe, hantée par ses propres démons. Les confessions de ses patients se mêlent à ses réflexions les plus intimes, créant une tension psychologique constante. L’enquête sur sa mort se construit peu à peu, entre souvenirs et découvertes, jusqu’à révéler une vérité que personne n’avait vue venir.

Freida confirme ici son talent pour manipuler ses lecteurs. À chaque chapitre, elle sème le doute, oriente les soupçons, multiplie les fausses pistes. On croit deviner le coupable, on élabore des hypothèses crédibles… pour finalement se rendre compte que rien n’était ce qu’il semblait. Comme à son habitude, l’autrice excelle dans l’art du twist final, celui qui retourne complètement la situation et remet en cause tout ce que l’on croyait acquis.

Si la construction du roman est habile, elle présente cependant une petite faiblesse : les nombreux allers-retours entre passé et présent peuvent parfois ralentir le rythme de lecture. Cette structure, bien qu’efficace pour nourrir le suspense, demande au lecteur une attention soutenue. Certains passages mériteraient un enchaînement plus fluide pour ne pas briser la tension accumulée.

Malgré cette réserve, l’ensemble fonctionne remarquablement bien. Freida parvient à créer une ambiance oppressante, presque claustrophobe, où la maison devient un personnage à part entière. Les thématiques de la mémoire, du trauma et de la culpabilité s’entrelacent avec finesse, renforçant la dimension psychologique du récit.

En définitive, ce roman s’impose comme un thriller psychologique efficace et redoutablement bien ficelé. On y retrouve tout ce qui fait la marque de fabrique de Freida : un rythme maîtrisé, des personnages ambigus, une tension constante et une révélation finale à la hauteur. Même si les transitions temporelles peuvent parfois désorienter, la lecture reste captivante de bout en bout.

Un huis clos aussi angoissant qu’addictif, où la vérité se cache derrière les murs et les mensonges d’une maison qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Je vous souhaite une bonne lecture !